Les ragnagna, les « trucs », les « anglais qui débarquent »…les règles quoi. On en parle pas mal depuis quelques temps face à la précarité prémenstruelle. Sauf qu’elles impliquent tellement plus de choses dans nos vies que l’aspect financier (même si celui-ci est bien sûr importent) ! Au-delà, dans un récit totalement personnel, je vais vous dire, moi, tout ce que les règles m’ont enlevé, mais aussi apporté.

Trop jeune
Oui, je considère que j’étais trop jeune quand, un jour, j’ai découvert une substance marron dans ma culotte (amis du bon goût bonjour). Je croyais avoir eu des problèmes de transit, c’est dire à quel point je ne comprenais rien. A 9 ans, ma mère n’avait pas encore jugé bon de m’expliquer le pourquoi du comment, ça lui semblait sûrement trop tôt. Alors j’ai caché mes culottes, honteuse. Jusqu’à J+3 où je me suis dis que, quand même, c’était étrange. Je me suis faite accueillir par un violent « tu es une femme ». Ah si si je vous assure c’est ultra violent quand on est une enfant de 9 ans qui est déjà nostalgique de sa petite enfance et qui n’a déjà pas franchement envie de grandir…Et puis malgré les explications (succinctes finalement : ma fille les règles ça revient tous les mois puis voilà), je ne savais pas ce qu’elles allaient apporter avec elles, ces règles. Une prise de poids, les seins qui poussent et le besoin d’un soutien-gorge à 9 ans et demi (allez, on va dire qu’à partir de 13 ans mes copines m’ont envié mais à 9 ans c’est bien + un sujet de moqueries qu’autre chose), le chamboulement hormonal. La fin d’une période, le début d’une autre. J’étais fertile. J’aurais pu faire un enfant. Moi qui emmenais encore ma Barbie partout et serrait mon doudou très fort quand ça n’allait pas.
Ces moments suspendus
J’ai déjà lu par-ci par-là des critiques sur un éventuel jour de congé qui serait offert aux femmes à chaque début de règles. Sur le principe j’avoue que c’est difficilement réalisable. MAIS, personne n’a jamais pris en compte :
- Ces DST où je me tordais de douleur parce que c’était le début de mon cycle. Evidemment je les foirai systématiquement vu que la plupart du temps, ça entraînait une crise de ma vésicule biliaire qui, je ne le savais pas encore à l’époque, était remplie de calculs.
- Ce fameux « premier jour » où j’étais comme une dépressive débordante d’émotions impossibles à canaliser (et ça, ça n’a jamais cessé, RIP ma journée de lundi dernier).
- Cette culpabilité d’entendre « mais si mais si la cup c’est mieux que les serviettes, tu la met mal c’est tout, c’est impossible que ça n’aille pas à quelqu’un. Puis les serviettes c’est pas écolo alors hein ! ». Si. Ce n’est pas parce que ça marche sur vous que ça marche sur tout le monde. J’ai testé différentes tailles, marques, ma gynéco a bien compris que je la mettais comme il fallait mais que ce n’était pas fait pour moi.
- Cette vie passée à se toucher furtivement les fesses pour tenter d’avoir l’assurance que la serviette ne se voit pas à travers le pantalon.
- Et ce même temps à se contorsionner dans le miroir de l’entrée pour être sûre de ne pas avoir de tâche (en souvenir de tous ces sweats noués à la taille :p).
- Ces réflexions des anciennes générations « c’est comme ça la femme souffre chaque mois / toute façon il faut ça pour pas prendre trop de poids / ça nettoie le corps… ».

Et puis maintenant…
Je considère que j’ai de la chance quelque part…car, si j’ai souffert énormément à chaque début de règle de 9 ans à 16 ans, la prise de la pilule a calmé mes douleurs, jusqu’à les faire presque disparaître (j’en profite pour rappeler que ça ne fait pas ça sur toutes les femmes hein !!!). Depuis mon dernier retour de couche il y a 2 mois, j’ai de petites douleurs mais sans gravité. Je suis toujours sous pilule, même si je songe à changer de contraception mais ce sera le sujet d’un autre article. Par contre, ce fameux premier jour où je suis débordante d’émotions, il est toujours bel et bien là, c’est d’ailleurs comme ça que je reconnais l’arrivée de mes règles.
Règles, je vous aime quand même…
Malgré ça, on parle tellement des mauvais côtés des règles qu’on en fini par oublier totalement leur fonction première. C’est d’ailleurs lors des périodes de conception de mes enfants que je me suis rendue compte que, finalement, d’ennemies, ces pertes de sang étaient quelque part des amies, quand tout va bien sur le plan médical.
Chez moi, qui suis hyper régulière (28 jours pile), elles sont dans mon esprit un signe que tout va bien. Que la vie suit son cours. Alors même si ça me saoule toujours un peu de porter des serviettes pendant quelques jours, même si pendant 24h je suis une fontaine de larmes, je suis consciente que c’est aussi grâce à ce corps et à son fonctionnement que j’ai mes deux amours. Alors quand ma grand-mère me dit « tu verras la ménopause c’est confortable parce que tu n’as plus à mettre de protections », franchement, pour le moment, je n’ai pas du tout envie de vérifier ses dires.
Je pense surtout que, au-delà de faire des polémiques sur « on en parle trop » ou « on en parle pas assez », il faudrait surtout éduquer dès le plus jeune âge sur le « comment ça fonctionne et pourquoi une femme saigne ». Je suis persuadée que ça enlèverait pas mal de mauvais fantasmes et que ça contribuerait à voir ça comme une chose normale de la vie aux yeux de tous. Car le problème c’est que même si on en est consciente, c’est souvent le regard et l’incompréhension des autres qui pose problème (et là c’est valable d’ailleurs dans tous les domaines de la vie).
Maman en Chantier
Ps : je précise, s’il en est besoin, que cet article – surtout la fin – vaut surtout pour les femmes qui n’ont que des désagréments mineurs (disons classiques) avec les menstruations…quand ça s’apparente à des douleurs constantes, voire une incapacité permanente, je comprends qu’on ne puisse plus être fière d’avoir ses règles…
Merci pour cet article très personnel et sur un sujet quand même assez tabou (quoi qu’il se lève peu à peu). En effet 9 ans c’est bien tôt pour les avoir et surtout de façon si inattendue et sans explications ! Tant mieux qu’elles soient désormais synonyme de féminité et fertilité pour toi ! en revanche la médecine pourrait s’atteler au PMS, ça ferait du bien à beaucoup de femmes, je pense qu’il y a bcp de progrès à faire en la matière !
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Ah ça c’est clair y’a un sacré taff à faire et aussi dans les mentalités…que les hommes (et les femmes !!! Parce qu’elles sont pas tendres entre elles !)arrivent à intégrer les difficultés de cette période dans le travail par exemple.
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Oui, tout à fait…peut-être qu’un jour on en sera là…et peut-être qu’on trouvera aussi des remèdes (naturels ou moins naturels, mais qui fonctionnent 🙂 )
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Merci pour ce chouette article très personnel, même si on commence à en parler de plus en plus. Ce sujet reste quand même très tabous en France.. et pourtant toutes les femmes y passent.
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C’est ça. En fait je trouve que même si il est moins tabou on en reste à dire « c’est comme ça depuis la nuit des temps donc rien ne doit changer »…
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9 ans j’en reviens pas ! Moi à 13ans et c’était déjà une catastrophe. Pour moi les règles ont toujours été une sinécure, exemple ça arrive pile la semaine des vacances ou quand on a l’occasion de se baigner ! Toujours douloureuses pour moi comme pour ma mère et ma sœur, puis ma fille. De plus c’était de vraies hémorragies, j’ai eu un fibrome et me suis faite opérer, la totale à 35ans, une délivrance pour moi, j’avais mes 5 enfants déjà donc … Aucun regret, plus de règles quel bonheur !
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Tu m’étonnes ! Oh oui le coup des vacances mon dieu faut toujours que ça tombe à ce moment lol
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J’ai mes règles j’ai 11 ans
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Tu le vis comment ? tu as été bien informée ? n’hésites pas si besoin
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D’accord
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