Je voulais écrire cet article la semaine dernière pour la journée de lutte contre le harcèlement scolaire. Et puis le temps a manqué, et surtout j’hésitais. Faut-il vraiment dire que ces comportements laissent des séquelles et flipper un peu plus les parents ? Au final je pense que oui car finalement, pour atténuer les effets, l’accompagnement me semble vital…
De volubile à renfermée
Je précise que mon école (privée) faisait primaire-collège-lycée, j’y ai donc passé 12 ans. J’ai passé un super primaire, j’adorais aller à l’école et j’étais une vraie grande gueule. Je dirigeais mes petits camarades et j’organisais plein de trucs. Limite chieuse je dirais :p
Puis la 6ème a tout flingué. On passait de 2 classes de CM2 à 5 classes de 6ème, donc beaucoup de nouveaux. Certains se connaissaient d’autres écoles, d’autres venaient de loin, mais les groupes se sont vite constitué. Mes amis et moi avons été éparpillés dans les différentes classes et je suis restée un peu seule.
Je ne saurais pas dire comment ça s’est passé, c’est toujours un cheminement très progressif. En gros j’étais un peu boulotte, rêveuse, et mes parents ne m’achetaient pas de fringues de marque. A partir d’un moment tout est devenu bon pour m’en mettre plein la tête. Je me renfermais. Et plus je me renfermais, plus ils insistaient. Comme une idiote je recherchais leur affection, et ils s’en servaient. Des insultes, quelques coups, je tentais parfois de rester en classe pendant la récréation pour être tranquille.
Quand l’aide ne vient pas
Malgré la honte de ne pas réussir à me défendre, j’en ai parlé à ma mère et j’ai vécu là ma plus grosse douche froide. « Arrête, tu fais un complexe d’infériorité, ça ne doit pas être si terrible ». Point, on continue… cette phrase a marqué le début d’une période particulièrement conflictuelle avec ma mère. On en a souvent reparlé depuis et ça lui semblait impossible…elle qui était si discrète à l’école mais pourtant si forte, qui ne s’est jamais laissé faire…et ce harcèlement qui n’existait pas (je cite hein) blablabla.
Alors que tout avait commencé en 6ème, j’ai du attendre la 4ème et un professeur de technologie qui était aussi mon professeur principal. Il a décelé quelque chose, est venu me parler et m’a cru. Il a fait pression auprès de la direction, ce qui n’a sûrement pas du être évident car le garçon qui poussait tous les autres à m’en foutre plein la tronche était l’enfant de parents assez riches et surtout très connus dans le milieu paroissial (je rappelle que c’était une école privée). Je ne sais pas comment il s’est débrouillé mais, sans que personne ne sache la véritable histoire, la garçon est parti dans une autre école de la ville, discrètement. Dès lors tout s’est calmé. Je ne peux pas dire que c’était la folie mais je n’avais plus à me cacher et on m’a laissé tranquille et j’ai passé un lycée assez sympathique.
Et plus tard ?
Il m’est resté ensuite de cette période et incapacité à faire réellement confiance mais surtout (et c’est bien pire), une recherche d’approbation et d’amour de tous ceux qui ne me donnaient pas spontanément leur affection. C’est pour cela qu’un pervers narcissique a réussi à faire de ma vie un enfer pendant 2 ans il y a 10 ans…et c’est pour cela que je suis toujours hyper sensible à ce qu’on dit de moi. Je veux toujours faire plaisir, probablement pour être aimée. Un exemple tout bête…cet aprèm j’ai un entretien avec ma supérieure pour réclamer ce qui me revient de droit. Et là ce qui me terrifie, c’est de faire comme d’habitude, à savoir exposer mes arguments, me rendre compte qu’ils tiennent la route…et me faire avoir. « Oui mais tu comprends avec la conjoncture actuelle blablabla…tu es un super élément blablabla…on te propose la moitié mais on peut pas plus blablabla ». Ce moment n’est pas encore arrivé que je me vois déjà hocher la tête en disant « oui oui je comprends bon ben c’est déjà bien merci beaucoup ». Et ensuite me faire engueuler par mon chéri et mes amis pour avoir accepté quelque chose comme cela…
Non cela ne vient probablement pas à 100% du harcèlement, il y a probablement d’autres histoires de mon enfance là dedans. Mais il y a réellement eu un avant et un après. A l’époque j’ai eu des idées très noires, je ne pensais plus à rien d’autre. Alors si j’avais un message à faire passer…parents écoutez vos enfants. Il peut bien sûr y avoir du faux mais ne laissez pas passer la part de vrai dans ce qu’ils disent. Et même s’ils disent que tout va toujours bien, soyez attentifs aux signes qui peuvent révéler le contraire. Sans pour autant flipper sans cesse bien sûr, heureusement que tous les enfants ne sont pas victimes de harcèlement.
En résumé :
- Ecoutez votre enfant, restez juste dispo. Pas sur leur dos, mais qu’ils sachent qu’ils peuvent vous parler.
- N’allez JAMAIS voir les enfants harceleurs ou leurs parents pour régler vos comptes. A moins de partir le lendemain à 1000 km, cela empirerait probablement considérablement les choses. C’est souvent par crainte de cette configuration que les enfants taisent tout.
- Rapprochez-vous de l’équipe enseignante pour savoir ce qui est faisable.
- Malheureusement énormément d’enseignants et d’établissements ne savent pas quoi faire et même parfois pire, se disent qu’il faut laisser faire, que ce sont des enfants. Justement ce sont des enfants et ils sont cruels. Donc si l’établissement ne fait rien, je sais que ça parait extrême, que c’est compliqué et qu’on se dit que ça déplace le problème…mais changez le d’école. Si le problème persiste avec de nouveaux élèves, il faut encore voir d’autres solutions.
- En clair l’important là, ce n’est pas de « faire avancer la cause donc ne pas se laisser faire ». Si on ne vous aide pas, vous agissez. Là c’est votre enfant qui est en jeu donc on oublie les principes…on le sait ça peut aller bien trop loin.
Si des jeunes passent un jour sur ce blog par mot clé, je vous envoie plein de courage. J’ai connu ces longues heures à pleurer, ces instants où on se dit que c’est trop long, que ça ne finira jamais et qu’on sera toujours rejeté. Et pourtant, ça passe. On fait notre vie. Mais on n’oublie jamais. J’ai recroisé mes harceleurs à de nombreuses reprises, certains ont même voulu m’ajouter sur facebook. Ils ont des enfants à leur tour. La vie continue. (et si besoin de parler, n’hésitez pas en message privé !).
Maman en Chantier
Effectivement c’est une période de ta vie assez difficile. Comme quoi je constate que malheureusement ça peut toucher autant le privé que le public mais tu as raison, il faut être très attentif au comportement de son enfant pour l’aider au mieux. Moi aussi au collège j’avais eu quelques soucis avec un camarade de classe mais j’avais eu la chance que ma prof principale lorsque je lui en avait parlé avait bien réagit et je n’ai plus été embêté par ce garçon par la suite mais c’est vrai que ce n’est pas forcément le cas pour beaucoup d’enfants.
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c’est sûr….et en effet le privé c’est très sournois…
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Pour avoir vécu une situation de harcèlement au collège aussi, je vois que chaque joue je dois me battre avec ce sentiment d’infériorité, la peur qu’on me rejette, et la susceptibilité quand on rit de moi (même gentiment).
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je suis pareille…et malheureusement je pense que les choses sonr ancrées. on peut se battre mais notre cerveau ne fera plus autant confiance
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