Publié dans Vie de maman en construction

Une maman peut-elle évoluer professionnellement ?

Je vous en avais parlé lors de ma grossesse. J’étais depuis 2 ans dans une boîte et l’annonce de ma grossesse n’avait franchement pas été bien vécue. Puis j’ai eu un nouveau job. Là, on m’avait prise mais en me faisant bien comprendre que si il fallait débarquer le samedi ou le dimanche ou le soir à la dernière minute, je devrait trouver une solution, malgré mon bébé de 1 an. Ok, j’ai fait. 

Puis mon job actuel. Vous le savez, à la base, ce job est alimentaire et SURTOUT a été choisi pour me rapprocher de la maison et pouvoir aller chercher fiston à la crèche familiale (donc chez la nounou) le soir à 19h maximum. Donc j’ai directement imposé mes condition. Du lundi au jeudi je devais être d’ouverture (9h45-17h45) et le vendredi et samedi je pouvais être de fermeture. Ils ont accepté et surtout cela s’équilibre très bien vu que nous sommes 3 à la boutiques, donc chacun fait deux fermetures par semaines. 

MAIS.

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Il y a ce jour où tu as la possibilité d’évoluer parce que tes supérieurs te disent que tu bosse vachement bien, que tu es un membre important de la société, blablabla. Et ce fameux jour où on te fait comprendre que « oui enfin tu as un enfant donc bon… ». Et ? Alors oui, je refuse de ne pas voir mon fils alors qu’on me paye au SMIC. D’autant plus que ce fameux SMIC ne me permet en aucun cas d’envisager de payer une nounou qui pourrait ainsi me laisser davantage de latitude. Mais pendant 1 an j’ai prouvé à maintes reprises malgré cela que ce n’était pas un soucis. Il fallait rester ? j’appelais le Papy. Fiston était malade ? hop l’autre Papy si il ne bossait pas. Bref, je n’ai JAMAIS refusé quelque chose ou été absente. Ni à cause de mon fils ni d’autre chose, à part 3 jours d’arrêt maladie pour une violente grippe. Alors il semble évident qu’en cas d’évolution et de salaire qui grimpe fortement, j’aurais évidemment fait des efforts. 

Et là on renfonce le couteau dans la plaie. « Bon d’ici 2-3 ans, si tu es mobile, parce que bon on sait que tu as un fils… ». Encore ??? Là c’est sûr que je peux pas l’oublier que je suis maman. Et mon fils, lui, doit avoir les oreilles qui sifflent.

Dans le même genre une de mes amies à qui on a refusé une évolution parce que « tu comprends, ce sont des horaires difficiles, et puis il y a des déplacements, et puis…. ». Avec le coup de massue final « si tu veux un poste comme ça et d’autres enfants, fais plutôt l’autre enfant avant et attends qu’il grandisse ». Tout ça dit à une nana qui se défonce au taff, qui est super douée et qui a, je dois l’avouer, bien plus d’ambition que moi.

Bilan beurk beurk

Donc, apparemment, en France, une maman doit rester à un poste de base. Les maman ne sont jamais responsables, ou manager ou chef d’équipe ou PDG. Ben si, pourtant ! Hey les gars si elles y arrivent (parce que oui elles sont aussi compétentes que les hommes mais je ne vous apprend rien), c’est aussi parce qu’elles peuvent, grâce aux postes que vous leur proposez, engager une nounou, mettre une organisation en place, se sentir valorisées…Avoir une carrière quoi ! Même si parfois c’est super dur, qu’elle sont crevées, elles gèrent, et elles assurent !

Je suppose par exemple que ma directrice réseau, celle qui m’a dit ça, a des enfants. Elle y arrive on dirait, non ? En tout cas elle a été embauchée pour un job a responsabilité, mais suppose que les autres nanas ne peuvent pas faire de même.

Quand je vois toutes ces histoires de filles qui se font lyncher parce qu’elles tombent enceinte, de filles sous-payées parce qu’elle sont mamans et ne sont soit-disant pas capables de prendre des responsabilités…ça m’écœure. Et malgré mon agacement et ma révolte, j’ai peur. Oui je veux un deuxième enfant, et comble du comble je veux un an de congé parental quand ça arrivera (diantre quelle folie), j’économise pour ça depuis des plombes. Mais après ? Quand je reprendrai le travail ? devrai-je m’estimer heureuse de bosser pour un job alimentaire sous-payé juste parce que les horaires correspondent à celles de la crèche ? Va-t-on me jeter des cailloux pour avoir osé cette folie ? Va-t-on simplement me refaire confiance après une si longue absence ? (je ne dis pas ça en l’air, j’en connais qui ont eu beaucoup de mal après à retrouver quelque chose à cause du trou sur le CV…).

Maman en Chantier (et gravement en colère).

Ps : évidemment selon les domaines, ce que je dis est plus ou moins valable. mais perso que ce soit dans le commerce ou le journalisme, statut quo.

Edit du 10/11/2018 à 13h49. 

Depuis la publication de l’article ce matin, je reçois beaucoup de messages sur Instagram, Facebook, et le constat est clairement dingue. Pas une seule personne pour me dire « si si moi on m’a laissé ma chance en toute connaissance de cause ». En clair, toutes, on a du faire un choix entre une vie pro épanouie et une vie perso épanouie également. Dans le fond, ce qui me rassure depuis ce que m’a dit ma supérieure, c’est que je ne regrette pas le côté que j’ai choisi et que je choisirai toujours jusqu’à ce que mes enfants soient grands. Le taff c’est chouette, c’est la majeur partie de notre temps dans quand on le vit mal c’est terrible. Mais la famille c’est la vie, tout simplement. Qu’on ne veuille pas d’enfant je le conçois sans soucis. Pareil si on ne peut pas en avoir et là c’est encore plus difficile à vivre :(. Là, ok, on peut se lancer tête baissée dans le boulot si ça nous chante. En revanche, je refuse de me retourner dans plusieurs années et d’avoir laissé passer ce que je voulais le plus au monde. Hier une copine m’a dit « ça va tu n’as que 30 ans tu as le temps ». Oui…oui…c’est aussi ce qu’on a du dire à mon ancienne collègue de radio qui s’est réveillé avec seulement 32 ans et une ménopause précoce. Tout dépend toujours de nos priorités, de nos désirs les plus forts. 

Mais repousser mes projets familiaux pour gagner hypothétiquement 1800 euros net dans 2, 3 ou 4 ans…ben non. Désolée. Parce qu’en attendant je me défoncerai pour que dalle, en attendant je songerai toujours à ce désir d’un deuxième enfant et je repousserai encore et encore mon projet. Parce que, soyons clairs, une fois le poste atteint, ça ne fait que commencer. Tu en as encore pour des années avant de concrétiser tes projets familiaux. 

Alors maintenant, perso, vu vos témoignages où la plupart des employeurs sont carrément dans l’illégalité, et surtout en plein dans la stupidité et l’injustice la plus profonde, je crois bien que moi aussi je devrai me résoudre à une vie pro médiocre tant que mes enfants seront petits. Si c’est le seul choix qui m’est proposé alors allons-y, je choisis la famille sans regrets…Comme on dit parfois, dans mon taff je ne soigne pas le cancer, alors donner mon bien-être à mon employeur, les rires et la complicité que j’ai avec mon fils, merci bien. 

Et à part ça ça choque personne qu’on doive avoir un choix si dissocié à faire ?

20 commentaires sur « Une maman peut-elle évoluer professionnellement ? »

  1. Je dis non! Malheureusement non! On n’est pas aidé et j’en ai eu mal au cœur quand j’ai dû arrêter mon job. Mal au cœur de savoir que je ne pouvais pas être maman et cuisinière mais surtout que mon patron ne voulait rien faire pour que je puisse allié maman et boulot… Berk! Et après j’ai appris que j’étais payé au même titre que le plongeur sans qualif. Autant te dire que je suis finalement bien contente d’être partie 😂

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  2. Je comprends ton agacement car je trouve ça moi-même dégueulasse ! Je ne travaille pas encore dans le monde professionnel puisque je suis étudiante et pas non plus maman, pourtant j’envisage un jour ou l’autre de fonder une famille. On se plaint de l’Allemagne qui ne propose pas beaucoup d’aides ni de contrepartie à créer une famille mais en France il y a des entreprises qui ne font aucun effort… Le mec qui dit ça il est bien né de quelque part !

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    1. c’est exactement ce que je me dis à chaque fois…mais on dirait que dans l’esprit de ces gens il y a deux catégories : les gens qui bossent, et ceux qui font perdurer la race humaine et ne doivent, finalement, servir qu’à ça. (je caricature mais au fond c’est ça).

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    1. Sincèrement, n’hésite pas, du moins si ça ne te gène pas trop d’en parler. C’est horrible de dire ça mais au moins je me sens moins seule depuis ce matin car je vois qu’on est plus ou moins toutes dans le même cas…à des degrés variables mais en gros on est dans une même merde. Même les « non mamans » dont les patrons ont peur qu’elles le devienne et ne les font pas évoluer :s

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  3. Malheureusement rien à ajouter, je crois que ce qui t’arrive est assez général… Juste pour te remonter le moral, le mot d’accueil de mon directeur pour mon premier job était pour me souhaiter d’avoir des enfants, dès que je le voudrais, car c’était le plus grand bonheur qu’il connaissait et que ce ne devrait jamais être un soucis pour l’entreprise, qu’on trouverait toujours des solutions… Il était extraordinaire, mais malheureusement une perle rare…

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  4. Je ne suis pas dans ce cas, mais si ça peut vous rassurer, j’ai des exemples qui témoignent que c’est possible! Tout dépend dans quelle branche je pense… c’est une vraie discrimination en tous cas!

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        1. sauf que même à l’oral, quand j’ai évoqué que ce n’était pas une raison, ils en ont trouvé une autre 😉. et meme sur des choses obligatoires comme ma prime d’août…qu’ils sont tenus de me payer parce que c’est dans la convention collective…ben mes mails restent lettre morte tout simplement

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  5. J’avoue ne pas avoir vécu ça. J’ai été directement embauchée en poste de cadre et je pense que le fait que ma directrice soit une femme aide même si elle n’a pas fait les mêmes choix que moi concernant la priorisation famille / boulot. Mais je redoute un peu plus la seconde grossesse qui tarde à arriver et dont l’échéance se rapproche dangereusement d’une échéance au boulot que je ne peux pas louper et que j’ai déjà loupé pour Tess… Je ne suis pas certaine que ça passe à nouveau aussi bien!

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  6. C’est dingue qu’à notre époque il y est encore autant de machisme envers les femmes qui veulent faire une carrière professionnelle. J’ai été confrontée à ça avec mon ancien employeur qui au passage ne m’a pas revue après la fin de mon congé maternité car il avait sous-entendu que ce serait l’enfer pour moi à mon retour (j’occupe un poste administratif). J’ai eu la chance de retrouvé un poste juste avant la fin de mon congé maternité et d’avoir une responsable qui elle-même est mère, comprends et d’avoir des horaires assez arrangeants mais je sais que c’est quelque chose qui n’est pas forcément offert à tous.

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  7. Je suis fonctionnaire titulaire donc soit disant protégée. On m’a bien fait comprendre que je devais être disponible … Sauf que nous sommes très isolés, sans famille à moins de 350 km. Nous ne pouvons compter que sur nous. Leur besoin de disponibilité est constant ce qui veut dire que chéri devrait gérer les enfants seul toute la journée. Quant à moi je pars avant qu’ils se lèvent et dans ces cas là, je reviendrais après leur coucher. Je ne conçois pas mon rôle de mère comme la nana qui vient te faire un bisou le soir quand l’enfant est à moitié endormi.

    On m’a dit clairement que ce poste était plutôt pour de jeunes célibataires sans enfants, qu’on devient un boulet pour l’équipe dès lors « qu’on pond un môme ».

    Le médecin du travail, devant mes difficultés m’a prescrit … un congés parental de 3 ans. Impossible dans notre situation financière. La vie en Ile de France est bien trop chère. Comme si c’était la seule alternative.

    Bien sur en droit nous avons le droit de prendre un temps partiel. Mais on devra effectuer la même quantité de travail en moins de temps. On nous saquera pour la moindre erreur vu qu’on sera encore plus un boulet dans le service.

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    1. c’est quand même un truc de fou ça me dégoûte…limite on a l’impression qu’il faudrait que des célibataires au boulot…
      pareil impossible pour moi de ne quasiment pas voir mes enfants à cause du travail, je trouve ça bien trop important

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